Cycle d'Ernaut
de Jérusalem, vol II, Les Pâques de sang - Cahors
: La Louve Éditions, 2012.- 332 p.
Le
mot de l'éditeur : « Jérusalem, Semaine
sainte 1157. Tandis que la ville est submergée de pèlerins
venus assister aux cérémonies dans le lieu même
où le Christ est ressuscité, une sombre rumeur se
propage : un fou sanguinaire rôde et s'en prend à
des pèlerins, de préférence des femmes. Confrontées
à ce qui s'avère être une réalité,
les autorités tentent de gérer le mécontentement
tout en ménageant la susceptibilité des puissants
ordres religieux qui contrôlent certains quartiers. Ernaut,
le jeune Bourguignon dont le talent s'est révélé
au cours du voyage vers la Terre Sainte, va de nouveau céder
à la curiosité. Alors, son âme même
prendra peur devant ses découvertes et leurs conséquences...
car jusqu'en ce royaume de Dieu sur terre, le mal se répand
et pureté d'intention n'est point gage de salut pour les
innocents. Mais nul ne peut prétendre sortir indemne d'un
combat avec le Malin : s'efforçant de réparer les
injustices, Ernaut mettra en péril ce qu'il a de plus précieux...
Car lorsque la lumière inonde les curs, l'ombre n'est
jamais bien loin, tapie au revers... Et ce furent des torrents
de boue qui se déversèrent, des hordes de malins
qui uvrèrent en cette semaine sainte entre toutes...
»
L'avis des Riches heures :
Il y a quelques mois de cela, nous vous avions présenté
le premier volume des aventures d'Ernaut de Vézelay, géant
au grand cur et fouineur invétéré,
embarqué pour la Terre sainte à bord de la nef «
Le Falconus ». Dans ces «
Pâques de sang », second opus de la série,
Ernaut nous revient plus curieux que jamais, confronté
à une nouvelle vague de crimes sadiques touchant cette
fois d'humbles pèlerins. Le personnage principal a gagné
en profondeur et les traits de son caractère s'affinent.
Au fil des chapitres, le colosse bourguignon nous guide dans les
entrailles de la Jérusalem du XIIe siècle, depuis
le Saint-Sépulcre (que nous avons le privilège de
visiter intégralement) jusqu'au sinistre charnier de Chaudemar.
Nous parcourons donc à ses côtés les ruelles
étroites de la ville sainte en l'an du Seigneur 1157, picorant
viandes cuites et fruits de l'Orient aux étals des marchands.
On sent à l'arrière-plan de cette intrigue tout
le travail documentaire effectué par l'auteur : chaque
détail de costume ou d'architecture est à sa place.
Le style de Yann Kervran est de plus en plus libre et alerte,
servi par un vocabulaire riche mais jamais emphatique. L'ensemble
n'est de plus pas dénué d'humour. Bref, ce savoureux
moment de lecture nous a emporté bien loin des contingences
occidentales du XXIe siècle. Aux antipodes des digressions
« nombrilistes » que répandent à longueur
de pages les « génies » (ou du moins ceux que
l'on nous présente comme tels) de la « littérature
» primée actuelle... Pour se dépayser et changer
d'époque !