La nef
des loups, Yann Kervran.- Cahors : La Louve éditions,
2011.
Le
mot de l'éditeur : « Automne 1156. Un bateau
quitte Gênes pour la lointaine Terre sainte. Le temps dun
voyage, le navire accueille hommes de lucre, marchands ambitieux,
marcheurs de la Foi et soudards censés les protéger
: autant dhistoires différentes qui se côtoient
à distance respectueuse, pour autant que le permette un
espace si limité, quand une première mort violente
vient semer le trouble. On voit alors le monde clos du bateau
sagiter, soupçonner, et craindre, tandis que la Mort,
elle aussi, poursuit son voyage : au rythme lent du navire, elle
frappe encore, et la peur envahit les ponts, les coursives, les
cabines. Ernaut, un solide jeune homme à la curiosité
insatiable, va se mêler de ce qui ne le regarde pas. Il
le devine, un fil mystérieux relie tous ces crimes, quil
faut trouver et suivre. Mais le jeune Ernaut, dans linconscience
de son âge, ne sait pas à qui il ose sattaquer...
»
L'avis des Riches heures :
C'est à un véritable huis clos marin, chargé
d'iode et d'embruns, que nous convie l'auteur de cet excellent
roman. Le navire « Falconus » emporte le lecteur au
cur du XIIe siècle, vers la Gibelet des croisés,
aux côtés de personnages aux facettes multiples,
toujours hauts en couleurs, d'une probité irréprochable
ou d'une malhonnêteté pathologique, violents ou paisibles,
machiavéliques ou merveilleusement naïfs. Le plan
du navire et les cartes permettent de bien situer le déroulement
de l'action. L'auteur écrit dans un langage châtié,
recherché mais sans préciosité artificielle,
et surtout délicieusement vieilli. On croirait presque
le texte échappé des pages d'un manuscrit de Guillaume
de Tyr ! Comme nous aimons souvent le rappeler, ça fait
vraiment du bien de lire des ouvrages écrits avec plus
de 120 mots de vocabulaire... En bon spécialiste qu'il
est de l'histoire des croisades, Yann Kervran a par ailleurs parfaitement
su restituer l'univers du XIIe siècle. Rien n'a été
laissé au hasard : chaque détail de costume, chaque
description de gréement ou de taverne, semble avoir fait
l'objet de recherches poussées. L'intrigue est passionnante
et bien ficelée. Gageons que cette « nef des Loups
» tracera son sillage jusqu'aux mains des amateurs de polars
médiévaux les plus exigeants. Holà messire
l'escrivant, grand hâte avons de retrouver le légendaire
coup de poing du géant Ernaut !
SWG