La chair
de la salamandre, Jean-Louis Marteil.- Cahors : La Louve Éditions,
2010.- 399 p.
L'Ouvrage
: « Mai 1221. Un échafaudage s'écroule
: deux morts (dont une poule imprudente). Le vent a tué,
prétend aussitôt la rumeur... Un architecte meurt
noyé et étranglé (ou l'inverse), et l'eau
a tué... Un artisan est étouffé par une poignée
de terre, et la terre tue à son tour... Un incendie criminel
et meurtrier se produit, et l'on accuse le feu... Ce que nul ne
peut imaginer, en revanche, c'est qu'il existe un cinquième
élément et qu'il commande peut-être à
tous les autres... Mais que pourraient en connaître le capitaine
Mord-boeuf; le tavernier Tranche-tripe, le routier Tape-buisson
ou le gabarrier Rince-fût, et autres personnages qui, pour
être parfois fort inquiétants et dangereux, n'en
sont pas moins complètement loufoques ? Sur fond d'humour
(noir évidemment), situations burlesques et dialogues absurdes
se succèdent ici, tandis que le drame se joue et que le
maître des Enfers rôde, à la recherche de proies...
»
L'avis des Riches heures :
Il n'entre pas dans nos habitudes de proposer des romans dans
nos commentaires de lecture, mais ce polar historique mérite
à plus d'un titre de figurer en bonne place parmi nos livres
favoris. À l'heure où l'on érige en gourous-penseurs
de pseudo-auteurs, dont l'unique fil conducteur est de larmoyer
sans cesse avec 120 mots de vocabulaire sur leur ego démesuré,
il est rassurant de lire (plus exactement de dévorer) un
bon, un grand livre, qui raconte une véritable histoire
et emporte le lecteur dans un autre monde. Jean-Louis Marteil
maîtrise à merveille la langue française et
nous guide, grâce à son style enlevé, riche,
d'une drôlerie constante, dans le dédale des rues
de Cahors au XIIIe siècle. L'univers ainsi recréé
est peuplé de personnages truculents, hauts en couleurs,
ayant le verbe haut et la chopine facile. Que l'on ne s'y trompe
pas cependant : cet ouvrage n'est pas une farce et il possède
une intrigue solide, très bien ficelée, parfaitement
insérée dans une toile historique rigoureuse. Nous
avons tout particulièrement adoré le peu affable
évêque et ses deux molosses : « Deux énormes
chiens, de race indéterminée et à la voracité
évidente, se tenaient en permanence couchés à
ses pieds, la tête dressée, et tournée vers
le visiteur qui avait alors toutes les raisons de se prendre pour
une poule convoitée par deux renards affamés. »
Il paraît que le rire guérit de tous les maux. Ce
livre devrait être remboursé par la Sécurité
Sociale. Simplement jubilatoire ! SWG.