La traque
du mal, Guy Walters.- Paris : Flammarion, 2010.- 513 p.
Le
mot de l'éditeur : « Au lendemain de la Seconde
Guerre mondiale, des dizaines de criminels nazis de haut rang,
responsables de la mort de centaines de milliers d'innocents,
ont réussi à échapper à la justice
alliée et à disparaître dans la nature : les
plus tristement célèbres d'entre eux s'appelaient
Klaus Barbie, Adolf Eichmann, Josef Mengele ou encore Franz Stangl.
Bénéficiant de complicités innombrables,
passant d'un nom d'emprunt à l'autre, ils sont parvenus
à se cacher en Europe, puis à fuir en Amérique
latine, où ils ont longtemps vécu une vie... plutôt
paisible. Comment ces hommes ont-ils pu échapper à
leurs poursuivants, chasseurs de nazis, services secrets occidentaux
et agences de tout poil ? Pour reconstituer leur fuite, Guy Walters
a enquêté des années durant, fouillant les
archives, interviewant des témoins, anciens officiers des
services secrets ou chasseurs de nazis encore vivants. Il raconte
quasiment au jour le jour l'évasion de ces débris
sanglants du Ille Reich, le rôle joué par différentes
filières à Rome, en Angleterre et en Espagne notamment
pour les héberger et leur fournir des faux papiers ; au
passage, il met à mal la mythique organisation Odessa,
qui n'a existé que dans l'imagination de quelques agents
triples et de romanciers inspirés. Il montre comment, pendant
des décennies, ni les Alliés ni les Israéliens
ne se sont vraiment préoccupés de capturer les nazis
en fuite - or certains figuraient sous leur vrai nom dans l'annuaire
téléphonique des pays où ils avaient trouvé
refuge. Dans ce tableau d'un amateurisme parfois confondant, apparaissent
d'authentiques chasseurs de nazis, mais aussi des hommes dont
Walters met en doute l'efficacité et, plus grave, la sincérité
: sur le plus connu d'entre eux, Simon Wiesenthal, il a mené
une enquête fouillée, dont les résultats sont
accablants pour celui qui clamait avoir fait arrêter plus
de mille nazis... »
L'avis des Riches heures :
L'arrivée à maturité d'une nouvelle génération
de chercheurs, tel Guy Walters, a permis de reconsidérer
nombre d'aspects de la Seconde Guerre mondiale. L'historien britannique
s'intéresse ici à la traque des pires criminels
de guerre nazis depuis la fin du conflit. Avec verve et précision
apparaissent en pleine lumière le rôle ambigu de
tous les services secrets nazis, les complicités «
patriotiques », l'implication parfois malvenue de certains
chasseurs de nazis et la détermination implacable de certains
autres, les savants calculs stratégiques ou diplomatiques...
Plusieurs scènes semblent sortir tout droit des meilleurs
films d'espionnage ou des plus noirs polars, comme l'exécution
du letton Herberts Cukurs, l'enlèvement d'Adolf Eichmann
ou l'extradition de Klaus Barbie. L'auteur nous emmène
également sur les traces de l'insaisissable Josef Mengele
(médecin d'Auschwitz) ou sur celles du fantomatique Martin
Bormann, recherché en vain pendant plusieurs décennies
et finalement mort dans les ruines de Berlin, en mai 1945. Au-delà
de l'enquête policière bien ficelée, Guy Walters
nous dresse le portraits d'hommes [et malheureusement aussi de
femmes] toujours persuadés de n'avoir accompli que leur
seul devoir et qui ont vécu après avoir incarné
l'horreur absolue sans l'ombre d'un remord. Passionnant et terrifiant.
SWG